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Sauveur Martorana

L’expérience d’une Transatlantique en voilier

Dernière mise à jour : 31 déc. 2022

En décembre, nous avons eu la chance de vivre la Transatlantique, une expérience exceptionnelle sur “Lomane”, notre voilier de 12 m équipé pour la navigation hauturière.

Je vous propose de revivre quelques temps forts de  cette traversée.

L’équipage est composé de Hippolyte, un jeune homme de 26 ans, sportif et motivé et d’Alain, un équipier de longue date, toujours partant pour de nouvelles aventures.

Le résumé en vidéo...

Le principe de cette traversée de l’océan reste le même que celui initié par Christophe Colomb. Il s’agit de profiter des vents favorables, les alizés, qui poussent les voiliers de l’est à l’ouest durant les 6 ooo kms qui séparent les deux continents.


Nous nous sommes retrouvés, tous les trois, en novembre, pour préparer le bateau à Tazacorté, une marina de la Palma aux Canaries.

Lorsque l’on vit à 3 en huit clos plus de 3 semaines dans un bateau de 10 m2 où l’on est secoué comme dans un lave-linge, mieux vaut être bien préparé !

Nous avons vérifié les équipements de sécurité, fait le plein de tout ce qu’il est nécessaire d’embarquer, défini un jour chacun au “fourneau”, car ce n’est pas parce que l’on est en mer qu’il faut mal se nourrir ! Nous avons aussi organisé une rotation toutes les 3 heures (les quarts) pour définir qui est responsable de la bonne marche du bateau, de jour comme de nuit.

Une fois prêt, il a encore fallu attendre plus d’une semaine la bonne fenêtre météo et je dois dire que mes coéquipiers commençaient à s’impatienter.

Quelques chiffres

  • 22 jours de mer soit 528 heures dont 100 heures au moteur dûes au vent inférieur à 10 noeuds, le reste à la voile. Dans l’ensemble, une météo favorable, des alizés entre 15 et 25 noeuds…

  • 2 670 milles nautique parcourus ( environ 4 870 kms) à une vitesse moyenne de 5 noeuds et des pointes sous spi à 7/8 noeuds….

  • Plus de 100 litres d’eau, 2 bouteilles de vin et quelques dizaines de bière.

  • Une dizaine de poissons péchés, le plus gros une dorade coryphène de 14 kg et 1,30 m

  • Panne de pilote 8 jours avant l’arrivée, donc obligé de barrer 24 heures sur 24

  • Quelques empannages violents, les rivets de fixation du hale-bas cassent

  • 4 bancs de dauphins croisés et 2 fois des baleines au loin

  • Hippo a jeté 2 bouteilles à la mer, il espère que ses messages seront trouvés et qu’on le contactera !!

p'tits messages de la Nav.

30/11/17 :

“Mer toujours très calme, vent 5 à 12 noeuds, la moitié du temps au moteur. Tout va bien, on prend le rythme, vivement du vent”.

01/12/17 :

“Tout va bien sauf pas de vent, tout au moteur sur une mer d’huile. On s’est baigné hier. Signé le capitaine”

Et le Maman du second Alain de s’inquiéter : “Ils se baignent ? entre les requins et les barracudas mais ce n’est pas sérieux”

Leur position : 25.55 N – 18.35W et dans l’après midi 24.47 N 19.27 W

Le routeur m’indique qu’ils font cap vers le Sud Ouest pour aller chercher du vent en passant au large du Cap Vert.

02/12/17 :

“Toujours sous moteur, on espère le vent aujourd’hui, sinon tout va bien. Bises”

04/12/17 :

“On a enfin pris notre vitesse de croisière entre 5,5 et 6,5 noeuds. On dépasse le Cap Vert avec une route plus à l’ouest. On avance doucement mais sûrement”.

06/12/17 :

“Avec 15 et 20 noeuds de vent, bonjour la houle, c’est dur pour les estomacs ! Ce lundi, on a pêché une belle prise, après pas mal d’efforts et un coup de harpon salutaire, nous hissions à bord une dorade coryphène de 14 kg et de 1,30 m, de quoi faire des steaks de poisson pour plusieurs jours. Aujourd’hui et demain, le vent baisse. On va faire du spi. D’après les calculs, on devrait arriver vers le 20”.

07/12/17 :

“Nous avons rendu hommage au Boss Johnny en écoutant quelques classiques. Aujourd’hui et pour au moins 2 jours, peu de vent, on avance sous spi”.

08/12/17 :

“Ces derniers jours, on a fait de bonnes moyennes jusqu’à 150 milles par jour. Malheureusement, hier le vent est tombé et on a fait du moteur cette nuit, on espère son retour ce jour. Vu qu’il nous reste encore 1 600 milles, on voudrait bien arriver avant Noël ( je pense entre le 20 et le 22)”


Le 09/12/17 :

“Nous avons été déçus hier, le 8, d’attendre les 15 noeuds annoncés et de trouver sur zone jamais plus de la moitié ! Après avoir relevé un nouveau fichier «Grib”, nous nous rendons compte que nous n’aurons pas de vent avant le 9 en matinée ! Nous décidons donc tardivement de faire du moteur ! même si on commence à trouver le temps long, quelle transat « pėpėre” ! on a déjà fait plus de 100 h de moteur avec les 200 L de GO qui vont avec !

Enfin du vent :

 « Plus que 1 300 nautiques !! On avance bien, 6/7 noeuds mais ça bouge, on se cramponne ! On est au milieu de l’Atlantique et depuis 8 jours, on ne voit plus aucun bateau ! »

Le 14/12/17

Hier, bonne surprise : le cap’tain Soso me passe un p’tit coup de fil juste pour me souhaiter un bel anniversaire , j’suis trop contente d’entendre sa voix !! mais galère : le pilote automatique est en panne, ce qui impose de barrer jour et nuit…

l'Arrivée

Il est environ 22 heures, le mercredi 20 décembre, lorsque Lomane pointe son étrave vers le mouillage de St Anne (Martinique)… En compagnie de l’équipage de « Vent d’Ailleurs » et « Teiva », je pars, en annexe, à la rencontre de mes 3 marins… les lampes torches sont bien utiles pour les guider au milieu des nombreux bateaux et casiers de pêche… L’ancre est jetée et la soirée se termine à bord de « Teiva » autour de Ti-punch… Merci à nos fidèles amis, rencontrés aux Canaries l’année dernière, Isa, Marie Claire, P’tit capitaine Théo, Gil et Jean Roch qui ont fait de leur arrivée un beau moment de partage, de convivialité et d’enthousiasme…

Ressentie du Capitaine

Après ces 22 jours de transatlantique en communion avec  la mer et le ciel.

Imaginez l’eau à perte de vue sur des milliers de kms et sous nos pieds jusqu’à 8 000 m de fond, je vous garantis que l’on se sent vraiment petit !

Bien  loin du superflu de la vie moderne, cette transat, en total autarcie m’a permis de me recentrer sur l’essentiel et croyez moi ça ressource !

Même, si à bord le confort est limité, la nuit le spectacle des milliers d’étoiles vaut bien mieux qu’un hôtel 5 étoiles.

Je regrette, que même à plus de 1 500  kms de toutes côtes, on trouve des traces de pollution et ce type de voyage donne envie d’être encore plus respectueux de la nature.

Cette traversée faisait partir de la longue liste des choses que je veux faire.

Durant les mois à venir, avec Domy, nous allons découvrir cette mer des Caraïbes et ses nombreuses îles.

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